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Feu
Il est un feu brûlant qui ne laisse pas de cendres
Quand on le croit éteint, il prépare l’étincelle
Sa flamme se ranime et repart de plus belle
Et, en butte aux obstacles, monte au lieu de descendre
Il est un feu brûlant qui vous touche à pierre fendre
Vous laisse atteint au cœur le plus pur de votre âme
Pénètre vos zones d’ombre plus profond qu’une lame
Et sans douleur vous sonde, aussi patient que tendre
Il est un feu aimant à ne rien y comprendre
Qui vous fond en douceur d’un élan continu
Qui plus il vous laisse nu, vous porte haut dans les nues
Et ne sait que donner, sans rien forcer ni prendre
Si son brasier vous touche, nul doute, vous le saurez
Une joie sans raison vous flambera comme une torche
Vous serez l’huile, le feu, la bougie et la mèche
Dedans incandescent, dehors chaud sans brûler
Ce feu a mille visages, dix mille noms, cent mille bras
Que vous soyez flambeau ou que vous le passiez
Que vous l’ayez perdu ou que vous l’attendiez
Si vous le désirez ardemment, il viendra
Car il vise plus juste qu’une parfaite arbalète
Car sa flamme vive en vous démultiplie la vie
Car sa vigueur ouvrant votre chair comme un fruit
Vient se ficher tout droit au noyau de votre être
Et irradie en vous des pieds jusqu’à la tête
Ne laissant plus de vous rien qui ne soit à lui.Sylvie PTITSA
in "Des nouvelles des éléments",
éditions Seepia, 2018