Photo : Géraldine HABAR, Paris
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Deux hommes, tous les deux gravement malades, occupaient la même chambre d’hôpital. L’un d’eux devait s’asseoir dans son lit pendant une heure chaque après-midi afin d’évacuer les sécrétions de ses poumons. Son lit était à côté de la seule fenêtre de la chambre. L’autre devait passer ses journées couché sur le dos. Les deux compagnons d’infortune se parlaient pendant des heures. Ils parlaient de leurs épouses et familles, décrivaient leur maison, leur travail, leur participation dans le service militaire et les endroits où ils étaient allés en vacances. Et chaque après-midi, quand l’homme dans le lit près de la fenêtre pouvait s’asseoir, il passait le temps à décrire à son compagnon de chambre tout ce qu’il voyait dehors. L’homme dans l’autre lit commença à vivre pour ces périodes d’une heure où son monde était élargi et égayé par toutes les activités et les couleurs du monde extérieur. Pendant que l’homme près de la fenêtre décrivait tous ces détails, l’homme de l’autre côté de la chambre fermait les yeux et imaginait la scène pittoresque. Lors d’un bel après-midi, l’homme près de la fenêtre décrivit une parade qui passait par là. Les jours et les semaines passèrent. Un matin, à l’heure du bain, l’infirmière trouva le corps sans vie de l’homme près de la fenêtre, mort paisiblement dans son sommeil. Attristée, elle appela les préposés pour qu’ils viennent prendre le corps. Lentement, péniblement, le malade se souleva un peu, en s’appuyant sur un coude pour jeter son premier coup d’œil dehors. Enfin, il aurait la joie de voir par lui-même ce que son ami lui avait décrit. Il s’étira pour se tourner lentement vers la fenêtre près du lit. L’homme demanda à l’infirmière pourquoi son compagnon de chambre lui avait dépeint une toute autre réalité. L’infirmière répondit que l’homme était aveugle et ne pouvait même pas voir le mur. « Peut-être a-t-il seulement voulu vous encourager… », commenta-t-elle. |
J'ai lu cette histoire, trouvée sur le site "Histoire et métaphores", lors de notre dernier atelier en date autour du thème "Comment arrêter de souffrir : vivre sans peur, sans douleur, sans relations toxiques" avec Nicole Pasquier Le Moine, auteure et ostéopathe biokinergiste. J'ai eu envie de la partager ici aussi car je la trouve d'une grande actualité : combien de fois regardons-nous la vie en termes de "murs", d'"obstacles", voire d'"épreuves", sans chercher à voir par-dessus, à côté, à travers... ou simplement sans chercher à explorer ce qui peut s'exprimer dans le dessin des briques ou de la tapisserie ? Bien souvent, il est hors de notre pouvoir de changer les faits (ce qui est) : une maladie, un licenciement, une relation difficile, un décès... Cependant, nous restons toujours libres de changer notre regard sur ce qui est et comment nous utilisons la situation, intérieurement et extérieurement : pourquoi ne pas y aussi voir une ouverture, une opportunité, l'occasion d'un renouveau, une fois accepté et dépassé le deuil de "ce qui ne peut plus être" ? Aussi, en ce dimanche ensoleillé de printemps, je vous souhaite des yeux de passe-muraille à la Marcel Aymé et un ressort de saute-mouton pour franchir tous les murs, individuels ou collectifs !
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